Peugeot 205 Turbo 16 : Génèse d’un triomphe !

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Juha Kankkunen - Rallye de l'Acrpoloe 1986 - Peugeot 205 Turbo 16

Trop de drames, trop de morts, les monstres du Groupe B se retrouvaient au musée et avec eux une certaine 205 Turbo 16… Tout avait commencé pour Peugeot par une première sortie officielle sinon déterminante  le 29 Octobre 1983 au Trophée Jean-François Piot à Sarlat en Dordogne.

Ce jour là, pour l’honneur et l’ironie du sort c’est une petite Citroen Visa qui s’imposa à la nouvelle venue qu’avait l’honneur d’étrenner Jean Pierre Nicolas. Mais la machine était lancée que rien n’allait arrêter. Tous les regards, déjà, s’évertuaient à étudier qui les lignes, qui l’architecture, qui la motorisation de cette 205 ventrue mais non encore trop éloignée extérieurement parlant du véhicule de base de la gamme Peugeot.

L’option technique majeure on la connait il s’agit de la transmission intégrale, le moteur en revanche a été placé en position transversale centrale arrière. C’est la première innovation par rapport à Audi. Incliné de 20° ce bloc est un quatre cylindres de 1775 cm3 coiffé d’une culasse à double arbre à cames en tête  et quatre soupapes par cylindres. Il est gavé en air par un turbocompresseur KKK (remplacé plus tard par un Garett) doté d’un double échangeur air-air/air-eau. L’alimentation est assurée par une injection Bosch K-Jetronic, tandis que l’allumage est du type AEI Thomson.

En Mai 1984 arrive le grand jour, celui des véritables débuts mondiaux au Tour de Corse. Très vite et à la surprise générale, Ari Vatanen s’envole en tête de la course devant les Lancia 037 que l’on disait reines de l’asphalte. La cabriole d’Ari Vatanen au matin de la dernière étape mettra fin à l’espoir fou de toute une équipe : triompher dès la première sortie en championnat du monde. Nicolas toutefois se classera quatrième.

Un mois plus tard à l’Acropole nouvelle domination de Vatanen mais le rallye se déroule cette fois sur des chemins de terre particulièrement cassants qui auront finalement raison des deux Peugeot. Le succès sera au rendez – vous lors de la troisième sortie aux 1000 lacs finlandais où tout pilote du cru rêve de s’imposer. Ari Vatanen ne laissera ce jour là aucun espoir à ses adversaires et donnera au lion de Sochaux une victoire historique qui en appellera d’autres.

Allégées, dotées de disques de freins au diamètre augmenté, les Peugeot 205 Turbo 16 vont enchaîner avec la même réusite leurs quatre déplacements suivants : San Rémo , RAC pour finir une saison préparatoire et au Monté Carlo 1985 et en Suède 1985. A chaque fois c’est le formidable Ari Vatanen qui sera l’auteur de l’exploit. Sa démonstration monégasque sera même à l’en croire la plus belle performance de sa carrière. Il est vrai qu’il avait dompté là un spécialiste en la matière, Walter Rôhrl, déjà quatre fois victorieux en Principauté. Avec le même culot, il triomphait en Suède du local Stig Blomqvist, setp fois vainqueur auparavant dans « son jardin ». La belle série d’Ari Vatanen devait hélas en rester là mais pas celle de Peugeot puisqu’en Mars 1985 au Portugal la nouvelle recrue de Jean Todt, le discret et rondouillard Finlandais Timo Salonen, prenait brillamment le relais après l’abandon de Vatanen.

En l’espace de quelques semaines , Timo allait passer du rang d’outsider à celui de vedette à aprt entière en l’emportant successivement à l’Acropole, en Nouvelle Zélande, en Argentine et aux 1000 lacs un an après Ari Vatanen. Aux yeux de ses compatriotes, ce bon père de famille devenait « Timo le tigre », une promotion d’autant plus nécessaire qu’Ari Vatanen avait accumulé les coups du sort depuis le Portugal et surtout été victime d’une sortie de route qui manquait de lui couter la vie en Argentine.

Il fallut lui trouver un remplaçant en fin de saison pour seconder Salonen. Ce fut le Suédois Kalle Grundel en Finlande et au RAC et le Grnoblois Bruno Saby au San Rémo. Malgré la démonstration de ce dernier sur asphalte, l’épreuve Italienne revint à Audi, l’équipe Française déplorant à cette occasion sa première rupture de moteur depuis ses débuts ! L’avarie allait se répéter au RAC où les nouvelles Lancia n’éprouvèrent aucune peine à s’imposer.

1986 : La révolution !

Après un tel hors-d’oeuvre, l’équipe Italienne aborda 1986 avec un bel appétit. Le Rallye Monté Carlo ne coupa point et Toivonen signa une nouvelle victoire. Timo Salonen, nouveau Champion du monde, fut l’adversaire le plus coriace de Toivonen en Principauté mais s’inclina à la régulière lors de la dernière nuit. On oubliera pas en revanche la démonstration du français de l’écurie Peugeot Bruno Saby. Trop rarement engagé par jean Todt il réalisa un festival qui aurait pu lui donner la victoire avant que des ennuis de boite ne viennent l’en priver.

Quinze jours plus tard, c’était le rallye de Suède, où Salonen vexé par son échec monégasque montra toute l’étendue de son talent en dominant la première étape. La mécanique une fois encore allait le trahir, mais alors qu’on voyait la Lancia de Toivonen s’envoler vers un troisième succès consécutif son moteur explosait et c’était le petit nouveau de la marque Française Juha Kankkunen qui se retrouvait en tête. Celui qui s’était imposé avec un métier extraordinaire du haut de ses 26 ans au Safari et en Côte d’Ivoire (Toyota) justifiait du même coup la confiance placée en lui par Jean Todt.

La troisième manche du Championnat du monde s’annonçait palpitante. On sait hélas ce qui arriva dès la première épreuve spéciale du rallye du Portugal ce 5 Mars 1986. Et la course continua sans Lancia, Ford, Audi, Austin Rover et Peugeot.

Trois semaines plus tard au Keyna, les constructeurs Européens allaient à nouveau s’incliner devant la reine de l’Afrique la Toyota Célica Turbo. Le duel Lancia- Peugeot tourna cette fois au bénéfice des Italiens qui avaient sorti de se retraite la Lancia 037 à deux roues motrices et plus fiable, elle prit la troisième place.

Un mois plus tard c’était le Tour de Corse et la mort affreuse d’Henri Toivonen dans une épreuve qu’il dominait outrageusement. Du lendemain de ce nouveau drame frappant un an jour pour jour après l’accident de Bettega une équipe Lancia-Martini décidément maudite date une nouvelle révolution : Le retour au Groupe A. Lancia qui dispose avec la Delta HF à quatre roues motrices d’une excellente voiture de Groupe A accepta la décision de la FISA d’autant plus aisément que la perte successive de Bettega et Toivonen avait profondément traumatisé le service course de la firme. Peugeot en revanche se cabra avec violence.

« Les règles élémentaires de stabilité des règlements n’ont pas été respectées et les constructeurs n’ont pas été consultés » argumenta jean Todt. Peugeot ne pouvant compter sur aucun modèle de sa gamme pour perpétuer la présence du constructeur Français au plus haut niveau, donc en Groupe A, annonça dès le printemps son intention de se retirer des rallyes à partir du 1 er Janvier 1987. En attendant il restait un deuxième titre mondial à conquérir.

Chez Lancia on allait accuser le coup de la perte du pilote numéro un. Toivonen manqua cruellement à ses partenaires lorsqu’il fallut contrer le jeune à moustaches propulsé au sommet par Peugeot : Juha Kakkunen. A l’Acropole, puis en Nouvelle Zélande et en dépit des efforts vains de Markku Alen et Miki Biasion, Kankkunen s’imposa et donna à son écurie une avance confortable. Il est vrai qu’en Corse, après la mort de Toivonen et le retrait de lancia, la course s’était poursuivie  couronnant la 205 d’un Saby bien malheureux de connaitre en pareille circonstance sa première victoire. La démonstration de Biasion en Argentine  début Aout assortie de la seconde place d’Allen rendit quelque espoir au Martini Racing toute fois le choc des 1000 lacs devait prématurément décider du sacre pour 1986. Le doublé Salonen – Kankkunen donnait le second titre en deux ans ! Kankkunen la nouvelle star des rallyes ne savait pas pas alors que la couronne mondiale pilote qui l’attendait fin 1986 allait être suivie d’une seconde consécration consécutive un an plus tard mais sous de nouvelles couleurs et à la suite de la mort des Groupe B, de la 205 Turbo 16 qui elle retrouvait une seconde jeunesse dans les rallyes raids.

D’après un texte de Cyril Frey

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