Germain Bonnefils

Né le 4 octobre 1986, le rallye, Germain y est tombé dedans quand il était petit, pourrait-on dire. Il ne savait pas encore marcher  qu’il suivait déjà les exploits de son père,  confortablement installé au fond de sa poussette, accompagné par ses grands-parents. Les performances du paternel (Samba groupe N, Renault 5 GT Turbo, Ax GTi ou encore Golf GTi…) ne tardaient d’ailleurs pas à transmettre le virus au petit Germain.

Viennent ensuite les premiers dérapages au volant d’un tracteur à pédales et le premier karting électrique. A douze ans, Germain se voit offrir son premier karting thermique. La passion est déjà bien présente et nombre de Baraquevillois se souviennent encore des allers-retours incessants du jeune garçon. Il le gardera deux ans, faisant une dizaine d’apparitions sur le circuit de Belmont sur  Rance. C’est aussi à cette période que Jérôme, le père, explique les rudiments du pilotage à son fils, lui enseignant le sens des trajectoires ou des freinages tardifs notamment…

Attiré par n’importe quel engin ayant un moteur et des roues, l’adolescent revend, à quatorze ans,  son karting pour acquérir une moto d’enduro, une petite cinquante centimètres cube avec laquelle il participera notamment à l’enduro de Pont-de-Salars.

Mais c’est à l’âge de quinze ans que  tout va basculer. Un vendredi soir, Laurent Couderc, oncle de Germain et animateur des rallyes de la région de par son impressionnant sens de l’attaque, lui fait don d’une 205 GTI. Laurent mentionne en effet, sur un post-It : « Je soussigné M. Laurent Couderc, fait don de ma 205 GTI à M. Germain Bonnefis ». Ce post-It, Germain le gardera durant des années, comme le souvenir du jour où tout a commencé.

Néanmoins, à ce moment précis, cette auto au moteur cassé et à la carrosserie déformée par un tonneau lors du précédent rallye est toujours entreposée chez Laurent. Personne ne croit, Jérôme le premier, que Germain va pouvoir en faire quelque-chose. Ils sont alors loin d’imaginer l’ampleur de la motivation du jeune homme…

Un samedi, lendemain d’une soirée s’étant terminée au petit matin, Alexandre Brossy vient aider Germain à  enlever la 205 de chez Laurent pour l’emmener dans la cave de la maison familiale.

Alors étudiant en carrosserie, Germain commence immédiatement à travailler sur l’auto. Il parvient même  à convaincre son école de le laisser appliquer ses enseignements dessus, dans le cadre de son diplôme. Bernard, le grand père, assura donc le transport de l’épave jusqu’à St Chély d’Abcher. Germain finira par refaire l’intégralité de la tôlerie et, alors en stage à la carrosserie Mouly, il peindra la voiture d’un jaune  issu du logo de la célèbre marque de dégrippant WD-40.

Germain ne s’en doutait alors pas encore, mais il venait, à force de travail, de convaincre son père. Celui-ci lui apportait désormais son soutien. Père et fils se rendent  alors chez Jean-Luc Broussy, celui qui deviendrait plus tard un acteur important de la réussite du Baraquevillois, pour acheter un moteur.  Ce moteur ex Jean-Marie Rouquette, fut essayé par Jérôme, alors qu’il se trouvait encore dans la Simca Rallye 2 de Jean-Luc.

Une fois la voiture montée, il fallait bien évidemment la roder. Germain n’ayant pas encore le désiré papier rose, c’est Jérôme qui allait prendre le volant, son fils lui annoncerait les notes, une première pour le jeune homme. Ce serait donc le Rallye terre des Causses, édition 2004.

Dix-septième après la première boucle, l’équipage père-fils était contraint à l’abandon au deuxième tour, joint de culasse cassé. Mais l’essentiel n’était pas là. La 205 « marchait » et Germain était déjà impatient de courir à son volant.

Grâce à l’aide, entre autres,  des « Briconautes » à la Primaube, le rêve devint réalité lors du Rallye de Marcillac 2005, avec Yohan Saillat à ses côtés, formant ainsi le plus jeune équipage (Respectivement 18 et 16 ans). Alors qu’il n’avait jamais essayé son auto, Germain s’élançait dans la première spéciale et la terminait avec un sourire qui est resté  dans les mémoires de chacun, malgré un « pilotage » qu’il jugeait catastrophique. Il se faisait néanmoins remarquer par un dix-septième temps scratch dans la spéciale de Mouret. Il allait pouvoir  participer à sept rallyes durant cette saison, avec  l’objectif de finir ses quatre premières épreuves, et d’ainsi être au départ du rallye du Rouergue, dans le but de débloquer une  bourse promise par les Briconautes. Il y aurait notamment la déception du Val d’Agout, premier rallye où les spéciales lui étaient totalement inconnues, et le premier « Rouergue ».

En 2006, à la recherche d’une auto saine et fiable, le Baraquevillois entreprend de monter une Peugeot 106 N2, une auto qui lui permettrait de se mesurer à d’autres, dans une classe relevée avec une certaine équité. Après des nuits de travail acharné sur cette auto en compagnie du fidèle Rémi Tesquet, et ce deux mois durant, l’auto était prête pour entamer  une saison qui s’annonçait riche à tous points de vue.

Germain trouve alors en Jérôme Soccol une valeur étalon dans la classe N2. Puis les premières victoires de classes s’enchaînent et celle du Critérium des Cévennes marque le franchissement d’un cap. Cette victoire emplie d’émotion clôturera la saison 2006 avec le sentiment du devoir accompli pour le jeune pilote.

En 2007, Germain l’emporte pour la première fois face à Jérôme Soccol. C’est une saison faite d’énormes bagarres entre les deux hommes, une saison durant laquelle ils trustent les premières places des rallyes régionaux et nationaux au milieu d’autos bien plus performantes. Le Baraquevillois termine notamment sur la deuxième marche du podium scratch au Rallye du val d’Agout, derrière François Pelamourgues et Olivier Fournier. Celui-ci devient ensuite copilote de Germain lors du rallye du Limousin, sous forme de prêt par François. Lors de ce Limousin,  il se fait remarquer en figurant 4ème du Volant 206 au terme de la première étape, avec sa « petite » Peugeot 106. Aussi, il se retrouve, grâce à l’entreprise SCMR Alauzet, au volant d’une Renault Clio Ragnotti  de l’équipe Chazel pour le Rallye du Rouergue. Il se fait remarquer en s’inclinant sur le fil face à François Pelamourgues, la référence de la catégorie. Néanmoins, le fait marquant de cette saison est sans conteste le titre de champion de la coupe de France dans la classe N2 qu’il remporte à Mende, au terme d’une course emplie de pression et de panache. Un cap vient alors à nouveau d’être franchi et Germain réalise qu’il a la capacité de gagner au niveau national. Il rencontre également Laurent Surville, un passionné qui deviendra un ami et partenaire fidèle. Le titre remporté à Mende lui vaut aussi, dix-neuf ans après son père, la nomination pour le titre d’espoir échappement, un titre remporté par Sébastien Ogier.

Fort de ces succès, il décide, en 2008 de s’inscrire dans une formule de promotion, une occasion de se mesurer aux meilleurs pilotes de l’hexagone. Le soutien de ses partenaires avec notamment GT2i, Philippe Alauzet,  les Briconautes et le comité régional Midi-Pyrénées (qui ne cessera de l’aider jusqu’à aujourd’hui) lui permet d’acheter une Peugeot 206 XS et de s’aligner au départ de la très relevée Coupe 206, au sein de l’équipe Rallye Jeunes. Il découvre la terre, l’ambiance des formules de promotion, les bagarres à coups de secondes,  et  termine cinquième de cette formule, en se faisant remarquer par un podium au Rallye du Limousin et des temps très prometteurs, devant Guillaume Canivenq notamment, une pointure de la région que Germain considère encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs pilotes Français… Germain bénéficie également  de l’opération « Coup de pouce à un coup de volant » grâce à laquelle il termine dixième au scratch et premier Aveyronnais lors du Rallye du Rouergue au volant d’une Renault Clio R3 Access. Des temps devant des grands noms du rallye Français comme Cédric Robert  et Thomas Barral lui valent la reconnaissance des observateurs avisés.

En 2009, la célèbre formule Peugeot change pour devenir le Volant Peugeot 207 RC. Une nouvelle auto, de nouveaux participants, Germain y voit l’occasion de jouer aux avant-postes grâce à l’expérience acquise en Coupe 206. Ses partenaires le suivent encore une fois dans cette aventure et lui permettent de s’engager dans cette toute nouvelle formule avec l’équipe Chazel. Bien qu’impressionné par les pilotes engagés, des pilotes références tels que Pierre Marché, Arnaud Augoyard ou encore Franck Véricel, Germain s’applique et prend confiance au fil des manches. Si bien qu’il se retrouve dans une position de favori lors du Rallye du Var en fin de saison. Malheureusement, alors virtuellement champion, la rupture d’une transmission anéantit tous ses espoirs de sacre, un énorme coup dur pour le jeune Aveyronnais. Il est néanmoins nominé, une nouvelle fois, pour le titre d’espoir échappement. On peut également retenir la première victoire au scratch au rallye régional des Genêts.

Déçu de l’issue de la saison passée, mais ayant eu la confirmation qu’il pouvait s’imposer, avec deux victoires en  2009, Germain rempile en 2010. Il rejoint l’équipe PH Sport et est, cette fois-ci, considéré comme un des favoris de la formule dès la première manche. Dans le même temps, le Lycée Henri Laurens lui confie une Citroën C2 R2 Max sur quelques rallyes. Germain mène les débats dans le Volant 207, impressionne avec la « petite » C2 mais commet quelques erreurs.

Il se retrouve néanmoins en position de remporter ce Volant tant convoité lors du Rallye du Var, une nouvelle fois. Mais le sort le fait victime de trois crevaisons dans la même journée de course. C’est alors une énorme désillusion, poussant même Germain dans un flou le plus total quant à son avenir Rallystique.

Mais, bien heureusement, une fois le goût amer de la défaite disparu, et avec le soutien de ses proches, Germain prend la décision de refaire le Volant Peugeot 207. Ce sera l’ultime tentative dit-il, cette année ou jamais. Il peine à réunir le budget nécessaire mais reçoit une aide précieuse de Jean-Luc Broussy et du conseil général de l’Aveyron, qui lui permet de pouvoir tenter, une dernière fois, de devenir pilote officiel. Les expériences passées lui ont également appris que le Rallye n’est pas uniquement fait de fougue et de prise de risques, qu’il faut aussi savoir gérer les courses. Il en a maintenant bien conscience et la ferme intention de faire une saison intelligente. Il est soutenu dans cette démarche par Cédric Mazenq, l’ami d’enfance qui est aussi un ingénieur d’une efficacité redoutable et l’auteur de précieux conseils. Malgré une erreur tactique qui lui vaut une énorme désillusion lors du Rallye des Cardabelles, Germain réalise un quasi sans fautes et remporte, enfin, ce Volant 207.

Il devient ainsi pilote officiel Peugeot Sport, le début d’une nouvelle aventure, la concrétisation de nombreux efforts et la consécration que le sympathique Aveyronnais n’attendait presque plus…

En 2012 il devient Champion de France des rallyes sur Terre avec la 207 Super 2000 officielle.

Biographie : www.germainbonnefis.com

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